Google Analytics, c’est terminé ? Pas tout à fait, mais…
Depuis l’annonce de la fin de Google Universal Analytics et le passage à Google Analytics 4 (GA4), de nombreuses entreprises, freelances ou agences ont levé les yeux au ciel. Courbe d’apprentissage raide, perte de certaines métriques classiques (bonjour les sessions, au revoir les pages vues traditionnelles), nouvelle logique événementielle… Bref, le changement est rude.
Et pour une fois, Google n’a pas fait dans la pédagogie. Résultat : une migration précipitée, des dashboards à réinventer, et une question dans toutes les bouches : quelles alternatives fiables à Google Analytics pour suivre efficacement ses performances web ?
On passe en revue les meilleures solutions du moment avec un prisme : la performance, la confidentialité, l’implémentation, et bien sûr, les usages concrets que vous pouvez en faire dans votre stack analytics.
Pourquoi chercher une alternative à Google Analytics ?
Avant de lister les outils, posons les bases. Google Analytics, malgré sa domination historique, montre de sérieuses limites :
- Respect de la vie privée : Depuis le RGPD, GA est dans le viseur des régulateurs. Les autorités autrichiennes, françaises et d’autres pays européens ont jugé son utilisation illégale sans consentement explicite.
- Complexité de GA4 : GA4 n’est pas juste une mise à jour. C’est une refonte à 90%. Nouveaux modèles de données, suppression d’indicateurs classiques, UX confuse.
- Dépendance à l’écosystème Google : Utiliser GA, c’est rester dans l’univers Google. Pratique… mais pas forcément pilotable selon vos besoins réels ou vos engagements éthiques.
- Cookies, encore et toujours : La dépendance aux cookies tiers devient problématique. De plus en plus de navigateurs et régulations réduisent leur portée, voire les bloquent.
Alors, quelles alternatives sérieuses à Google Analytics ? Voici une sélection qui mérite votre attention.
Matomo – Le grand classique open source
Matomo (anciennement Piwik) reste une des références pour ceux qui veulent la propriété totale de leurs données. Open source, hébergé chez vous si vous le souhaitez, conforme RGPD by design.
- Avantages : 100% personnalisable, pas besoin de bandeau cookies si vous l’utilisez sans cookies, analytics en temps réel, tracking e-commerce précis.
- Inconvénients : Interface vieillissante, courbe d’apprentissage, nécessite un peu de maîtrise technique si auto-hébergé.
Cas d’usage : une agence SEO qui veut auditer ses performances sans passer par des serveurs US. Ou une administration publique soucieuse de la souveraineté de ses données.
Plausible – L’alternative légère, rapide… et RGPD friendly
Minimaliste, open source, très simple à intégrer, Plausible met l’accent sur l’essentiel. Pas de cookies, pas de bandeau. Les données sont anonymisées dès la collecte.
- Avantages : Ultra léger (0,7kb de script !), UX claire, hébergement en Europe, compliance totale PR (Privacy by Default).
- Inconvénients : Moins de granularité que GA ou Matomo si vous avez besoin d’un data layer avancé ou de tracking personnalisé complexe.
Cas d’usage : les SaaS early stage ou les sites vitrines qui veulent des insights simples sur leur trafic sans se perdre dans 12 couches de données.
Fathom – L’option « privacy by design », sans compromis UX
Fathom est pensé pour ceux qui veulent faire simple, efficace, et respectueux de la vie privée. Joli dashboard, script rapide, et aucune info personnelle collectée.
- Avantages : Interface moderne, facile à implémenter, pas besoin de bandeau de consentement, script unique pour tous vos sites.
- Inconvénients : Moins de profondeur analytique, modèle événementiel assez basique comparé à un GA4 ou un Mixpanel.
Cas d’usage : un studio web qui gère plusieurs sites clients et veut centraliser son tracking sans embêter l’utilisateur avec une UX cookie-bloquante.
Simple Analytics – Des insights sans compromis sur la vie privée
Positionné comme l’anti-GA, Simple Analytics propose une version minimaliste de l’analyse web avec une stricte politique de confidentialité.
- Avantages : Pas de cookies, dashboard limpide, support réactif, métriques vraiment utiles pour tout site marketing.
- Inconvénients : Fonctionnalités limitées (pas de segmentation avancée, pas d’attribution multicanal).
Cas d’usage : un blog média ou un site éditorial qui cherche à connaître ses sources de trafic, son taux de clics ou sa durée de visite sans croiser des tonnes de données utilisateurs.
Mixpanel – Pour les produits web qui veulent creuser
Sortons du domaine du « web analytics » traditionnel. Mixpanel est pensé pour les produits numériques. UX fluide, KPIs personnalisés, analyses comportementales ultra-précises.
- Avantages : Ultra puissant côté événementiel, tunnel de conversion, cohortes, rétention, intégrations SaaS à gogo.
- Inconvénients : Pas fait pour le « simple » suivi d’un trafic web, learning curve importante, configuration pointue.
Cas d’usage : une app mobile ou une plateforme SaaS avec du volume et une volonté de comprendre précisément ce que font les utilisateurs à chaque étape.
Les critères à prendre en compte avant de choisir
Il n’existe pas une solution miracle. Le bon outil dépend de vos objectifs, de votre budget, de votre compliance et de vos compétences techniques. Voici quelques questions pragmatiques à se poser avant de migrer :
- Mes données doivent-elles rester en France ou en Europe ?
- Ai-je besoin d’un consentement utilisateur ?
- Quel niveau de personnalisation et de granularité me faut-il ?
- Quelle bande passante technique ai-je en interne ?
- Est-ce qu’un outil payant est envisageable ? Si oui, pour combien ?
Répondre à ces questions vous évitera de choisir sur un coup de tête… ou sur la seule promesse d’un dashboard « ultra sexy ».
Et côté implémentation, on fait comment ?
Certains outils comme Plausible ou Fathom s’installent en deux lignes de code via un simple tag JS. D’autres comme Matomo ou Mixpanel nécessitent une ingestion via GTM, voire un déploiement serveur spécialisé si vous partez en auto-hébergement.
Conseil : quelle que soit votre option, documentez dès le départ votre plan de marquage. Cela permet de rester aligné sur les KPIs que vous souhaitez suivre, d’éviter la redondance, et de rendre vos dashboards lisibles. Mieux vaut 5 KPIs bien suivis que 53 events collectés pour rien.
Ah, et n’oubliez pas de monitorer après mise en ligne. Un script mal placé ou bloqué par un adblock, et vous risquez d’avoir des insights tronqués.
Vers un changement de culture analytics ?
En cherchant une alternative à GA, on ne fait pas qu’un choix d’outil. C’est souvent l’occasion de remettre à plat ses indicateurs et sa culture de la donnée.
Faut-il tout traquer ? Est-ce crucial de connaître le navigateur exact d’un utilisateur ? Peut-on se concentrer sur l’impact plutôt que sur les micro-données de trafic ? Ce sont aussi ces réflexions qui accompagnent la migration.
Certaines entreprises font même le choix radical de supprimer la collecte de données au profit d’enquêtes de satisfaction, de sessions de test ou d’analytics en local. Moins d’analytics, mais mieux ciblés, et orientés business. C’est peut-être là, au fond, la meilleure alternative.
Alors non, Google Analytics n’est pas (encore) mort, mais ses limites sont désormais assez visibles pour chercher mieux… ou plus intelligent.
Et comme souvent dans le digital, ceux qui se posent les bonnes questions tôt prennent de l’avance sur les autres. À vous de jouer.